Brouillons de pensées

Je.

Comment placer le « je ». Comment placer l'individu, alors que tous ses comportements sont analysables par des lois statistiques. Individu comme élément perturbateur, individu comme variation de l'écart–type, mais jamais individu comme élément tout court. Les modèles représentent des dynamiques de grande échelle (par rapport à l'échelle humaine), et fonctionnent. Pourquoi le monde est-il constitué d'individus perturbateurs ne répondant pas à cette loi des moyennes, tout en garantissant le respect de cette loi ? Si le monde n'était qu'une moyenne, le déterminisme régnerait. Un monde déterministe, il est obligatoire de pouvoir s'en ennuyer. Un monde indéterministe pourvoit la capacité d'avoir en permanence une question sans réponse. Et la nature de la recherche de cette question et de la même que celle de la recherche du but de la vie. De la célèbre question « pourquoi quelque chose plutôt que rien ». Et même en essayant de caler le temps à l'arrache là-dedans, en se disant qu'il y a eu un instant avant lequel rien n'existait, c'est soit se fourvoyer, soit admettre qu'il existe une nature transcendante. Et même en gardant cette hypothèse, cette nature transcendante pourra être modélisée, la rendant immanente, et cela apportera, encore une fois, la question de la transcendance. Si jamais la transcendance se devait d'être accessible, elle deviendrait, par définition, immanente. On ne peut qu'en conclure que la transcendance est inaccessible de par sa nature même, et que tout effort pour l'atteindre, bien que poussant les limites de nos capacités, telle la limite d'une asymptote, est vaine.