Brouillons de pensées

Néant

La conscience humaine est le mensonge. Présenter une façade, voilà ce qui fait de l’humain l’humain. Il passe tellement de temps à s’imaginer une existence qu’il en oublie la sienne. Comment peut-on croire à l’existence lorsque l’on voit tout ce que l’on peut nier ? Il est tellement facile de nier, que l’on peut même s’amuser à nier le néant. Mais cela donne toujours cette boucle positiviste, où l’on ne peut que concevoir les choses. Même concevoir l’absence de quoi que ce soit, c’est l’imaginer puis le détruire. Tentons d’imaginer l’absence de néant, dans l’algorithme conscient. On commence par demander d’imaginer quelque chose qui n’existe pas, mais qui pourrait. « Imaginons une chaise avec personne assis dedans. » Première étape : imaginer une chaise. Deuxième étape : imaginer quelqu’un dedans. Troisième étape : enlever ce quelqu’un. Nous sommes désormais en possession d’une chaise avec personne assis dessus. Maintenant imaginons qu’elle n’existe pas. Quatrième étape : imaginer une pièce dans laquelle la chaise était posée. Cinquième étape : imaginer la pièce sans cette chaise. (On aurait pu imaginer une pièce dans laquelle cette chaise n’était pas posée.) Imaginons que la pièce n’existe pas. N’est-ce pas trop tard, sachant que nous venons d’en parler pendant plus d’un paragraphe ? Ignorons cette remarque impertinente. On remonte d’absence en absence, et on arrive à « imaginons qu’il n’y ait pas de sujet pour expérimenter ce qu’on tente de définir comme le néant. » Le néant ne serait-il pas un bon sujet pour ne même pas posséder de sujet, n’étant pas tangible ? Oui mais je. Le je pourrit tout. Puisque je sais que j’existe, et que je pense percevoir, l’objet (de quoi que ce soit) existe. Donc, pour le sujet, le néant ne peut exister. Et pourtant, conclure sur l’inexistence du néant ne peut que confirmer sa nature.

On le cherche par raffinement, par sculpture, par approche, par approximation. Mais dès qu’il existe, il cesse de posséder la nature qu’on lui a attribuer lorsqu’on l’a défini. Inaccessible, pourtant définissable. Démonstration de l’abstraction du langage, pourtant lui-même basé sur des structures physiques. Pourquoi un système tel que l’évolution (en tant que processus « effet de bord » et non en tant que volonté) pourrait donner à des êtres la capacité de se demander pourquoi les êtres se demandent pourquoi ils se demandent de ce dont est fait la capacité de se demander pourquoi ils sont fait de telle manière à se demander de quoi ils sont faits.