Brouillons de pensées

Animal

L'humain n'est pas qu'un animal. Pour les conventions ici, je différencierai animal d'homme par la technologie.
Si l'humain n'était qu'un animal, il concentrerait ses efforts à sa survie. L'on pourrait considérer que l'humain n'est qu'un animal évolué, et que tout ce qui gravite autour de la sociabilité n'est qu'une forte évolution de ce que nous connaissons de l'animal vivant déjà en société : la meute de loup, la horde de pingouins ou la fourmilière.

Dans un contexte évolutionniste :
– l'un pourra considérer l'être humain comme étant un animal ayant bien évolué, surtout en matière de survie. S'occuper n'est pas une préoccupation animale. Le chat ne joue pas pour s'occuper, le chat joue pour s'entrainer. De ce fait, l'être humain – bien que conservant son aspect animal et survivant – ne doit pas se limiter à survivre. L'être humain n'est différent de l'animal que par sa capacité à ne pas nécessiter tout ce qui l'entoure pour survire. L'être humain n'a pas besoin, d'un point de vue animal, de ce qu'il est pour survivre. On peut donc en conclure que l'humain (en terme d'entité percevant l'environnement) n'est pas qu'un animal, et qu'il doit de ce fait arpenter les méandres de la connaissance, entité formidable accessible uniquement à travers lui-même. L'un pourra rétorquer que cet argument est un sophisme considérant que puisque cette notion est considérable, elle existe. Cependant, la conscience n'est pas partagée avec les animaux (ou pas tout à fait : il est impossible d'expliquer à un chien à quoi sert un stylo). Que peut-on retirer de cela ? On peut en tirer les conclusions suivantes : si l'humain se considère comme un animal, la civilisation est une maladie. Si l'humain se considère comme pensant, au-delà de ce que l'on peut penser d'une conscience animale, l'humain est l'entité pensante capable d’accéder à la vérité. Tout du moins à une vérité. La vérité que chacun veut bien chercher. L'humain, lui ne sait pas. Et il sait qu'il ne sait pas. C'est également ce qui le rend bizarre. Ne sachant pas quoi chercher, il cherche tout, il ne cherche rien, et devant ce néant universel et absolu, il se perd, se demandant de façon naïve s'il doit continuer dans sa quête ou chercher le Chemin du Beauf. S'il y a bien une chose que l'humain réussi à foirer, c'est cela : il veut être authentique. Or, de notre point de vue instancié, nous ne pouvons que définir l'authenticité comme étant ce que nous avons le plus vu.
La civilisation n'est pas nécessaire au bonheur. La civilisation peut être vue comme une maladie dont le premier symptôme est l'impossibilité de se satisfaire de ce que l'on a. Elle est donc un frein au bonheur. Mais ce frein résulte quand même de l'évolution de l'homme. Nos vieux s'accordent souvent en disant que la vie est faite de petites choses, que le bonheur c'est vivre l'instant présent, et que leurs seuls regrets concernent des impulsions qu'ils n'ont pas suivies. Pour que le lambda soit heureux, il ne lui faut que (et uniquement) le minimum : la nécessité – constitué de la nourriture et du sexe –, le confort, et le divertissement, souvent passif. Tout autre élément peut être qualifié de perturbateur, car devant la paresse il est identifié comme inconfortable.

La nécessité est héritée de l'animal : si l'on considère l'objectif de l'animal comme étant la survie de son espèce, se nourrir et se reproduire sont en effet des comportement primordialement nécessaires. L'humain étant au moins biologiquement un animal, il est compréhensible qu'il conserve ces comportements.

Le confort peut être défini comme étant l'absence de toute gêne et de tout effort dans la recherche du bonheur. Posséder un lieu de vie où la couverture et le chocolat chaud existent à portée de main est le Saint Graal de tout lamba. Ce confort est confondu avec la civilisation.

Le divertissement est une notion que l'on peut considérer sous certains aspects comme instinctivement présente chez certains animaux, en particulier chez les enfants. Je parle ici du « divertissement inutile » : un chat qui joue s'entraine à chasser, et même si cela peut également être considéré comme du divertissement lorsque cet animal court après sa queue, il n'est pas nécessaire que cela en soit ; alors qu'un chien qui court après une balle pourra s'amuser toute sa vie avec la même balle dans le même jardin. Mais le divertissement des humains (particulièrement des enfants) est différent, car il met en place des interactions intellectuelles, créatives, artistiques, et évolutive. Mais ce n'est pas ce genre de divertissement qui est suffisant pour le bonheur. Le divertissement passif est suffisant pour le bonheur.

J'évoque ici un contexte de civilisation occidentale classique, mais le bonheur présent dans les endroits plus « reculés » implique un divertissement moins passif et plus utile à la communauté, comme la pêche ou le tricot. C'est ce que nos vieux aiment nous rappeler : les choses simples.

Si le bonheur nécessite le confort, et le bonheur est possible sans civilisation, alors la civilisation n'est pas le vecteur du confort. Pourtant, l'être humain s'entête à conserver la civilisation, malgré ses effets que d'aucun pourraient qualifier de néfastes.

L'animal, s'il peut connaitre le bonheur, le connait certainement, car son mode de vie répond au critère du bonheur posés plus avant. La civilisation est inhérente à l'humain. L'humain est un animal biologique. On ne peut conclure de cela qu'une chose : la civilisation ne sert pas le bonheur, mais reste pourtant un attribut de l'humain.

De là, deux choses : ou la civilisation est effectivement une maladie, gangrène de la nature qu'il faut annihiler ; ou le bonheur n'est plus l'objectif direct de l'humain, mais seulement un symptôme, un effet de bord de sa condition animale, de son corps, du vecteur de sa conscience. De même, sa survie est tellement acquise (du moins en apparence) qu'elle en devient également un objectif indirect car partiellement accompli.

Accepter la civilisation comme une maladie est une position défendable à condition de remettre en cause l'évolution. Accepter que l'humain n'a plus comme objectif le bonheur c'est condamner la majorité des individus de se contenter du bonheur, voire même de le rechercher. Le bonheur ne peut donc pas être un objectif.

Mais le bonheur n'a pas de sens en dehors de l'esprit humain. Cette notion porte un nom pour faciliter la communication, mais n'a pas d'existence tangible ; ce n'est qu'un état de conscience comme un autre, un agencement chimique, tout comme la peur, la volonté, le désir, etc, sur lequel l'être humain n'a pas de contrôle.